Situé au cœur du quartier des Pentes de la Croix-Rousse à Lyon, l’Amphithéâtre des Trois Gaules est l’un des plus anciens vestiges de la présence romaine dans la ville. Ce monument historique, souvent méconnu des visiteurs, témoigne de l’importance de Lugdunum (ancien nom de Lyon) à l’époque gallo-romaine. Classé au titre des Monuments historiques depuis 1961, cet amphithéâtre est un lieu chargé d’histoire, notamment marqué par des événements liés à la persécution des premiers chrétiens au IIe siècle.
L’origine du nom : Les Trois Gaules
L’amphithéâtre tire son nom des Trois Gaules, une référence à la division administrative de la Gaule sous l’Empire romain. En 27 avant J.-C., l’empereur Auguste divisa la Gaule en trois provinces : la Gaule Belgique, la Gaule Aquitaine et la Gaule Lyonnaise. Lugdunum fut choisie comme capitale de cette dernière et devint rapidement un centre politique, religieux, et commercial majeur de l’Empire romain.
L’amphithéâtre fut érigé vers l’an 19 de notre ère pour accueillir les réunions annuelles du Concilium Galliarum, une assemblée des représentants des peuples des trois provinces gauloises. Ce concile se réunissait pour célébrer le culte de Rome et de l’empereur, ce qui confirmait l’importance de Lyon dans l’administration romaine.
La fonction de l’amphithéâtre
À l’époque romaine, les amphithéâtres étaient des lieux polyvalents destinés à accueillir une variété d’événements publics : combats de gladiateurs, exécutions, spectacles d’animaux, et autres divertissements pour la population. L’amphithéâtre des Trois Gaules, avec sa forme elliptique, remplissait ces fonctions, mais il jouait aussi un rôle politique important. Il était le lieu principal où se tenaient les assemblées du Concilium Galliarum, durant lesquelles les chefs des peuples gaulois exprimaient leur loyauté envers l’empereur.
L’amphithéâtre pouvait accueillir environ 20 000 spectateurs, ce qui en faisait l’un des plus grands amphithéâtres de l’époque dans la région. Cependant, son importance dépasse largement sa fonction de simple lieu de spectacle, car il est aussi le théâtre de moments tragiques, notamment la persécution des premiers chrétiens à Lyon.
La persécution des chrétiens en 177
L’un des événements les plus marquants associés à l’amphithéâtre des Trois Gaules est la persécution des chrétiens lyonnais en 177 après J.-C., sous le règne de l’empereur Marc Aurèle. À cette époque, les chrétiens étaient encore minoritaires et souvent mal vus par la population romaine qui les accusait de refuser le culte impérial.
Les récits historiques, notamment rapportés par l’historien Eusèbe de Césarée, décrivent en détail les tortures et exécutions de chrétiens dans cet amphithéâtre. Parmi les victimes, on compte Sainte Blandine, une jeune esclave chrétienne, qui fut martyrisée en public après avoir résisté aux supplices imposés par ses bourreaux. Selon la tradition chrétienne, elle fut livrée aux bêtes, mais resta indemne, avant d’être finalement exécutée par le glaive.
Cet événement tragique est resté gravé dans la mémoire collective de la ville, et une croix en pierre installée au cœur des vestiges de l’amphithéâtre rappelle aujourd’hui ce martyr. Chaque année, le 2 juin, une cérémonie commémorative a lieu en hommage aux premiers martyrs chrétiens de Lyon.
Redécouverte et fouilles archéologiques
Après la chute de l’Empire romain, l’amphithéâtre tomba progressivement dans l’oubli, et ses vestiges furent recouverts par des couches de terre et de construction. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que l’on redécouvrit son existence. Les premières fouilles archéologiques commencèrent en 1900 sous la direction de l’archéologue lyonnais Amable Audin, qui permit de mettre au jour une partie des structures.
Bien que l’amphithéâtre ait été largement endommagé au fil du temps, les fouilles ont révélé d’importantes sections de murs, de gradins, et de fondations, permettant de reconstituer en partie son plan d’origine. Aujourd’hui, on peut visiter les vestiges de l’amphithéâtre, situés à proximité du Jardin des Plantes et de la rue Lucien Sportisse, et découvrir un pan important de l’histoire antique de Lyon.
Un lieu de mémoire et de visite
Aujourd’hui, les vestiges de l’amphithéâtre des Trois Gaules sont accessibles au public. Bien qu’une grande partie de la structure originelle ait disparu, il est possible de visiter les sections restantes et de s’imprégner de l’atmosphère historique du lieu. Les murs, les arcades, et les gradins encore visibles permettent d’imaginer la grandeur de l’amphithéâtre à son apogée.
De plus, le site est intégré dans un parc paisible, à l’écart du bruit de la ville, ce qui en fait un lieu idéal pour la réflexion et la promenade. La croix commémorant les martyrs chrétiens se dresse comme un rappel solennel des événements tragiques qui s’y sont déroulés, renforçant le caractère mémoriel de cet endroit.
Un vestige de la grandeur romaine de Lyon
L’amphithéâtre des Trois Gaules est un témoignage exceptionnel du passé gallo-romain de Lyon. Il rappelle non seulement l’importance politique et religieuse de la ville durant l’Empire romain, mais aussi son rôle dans l’histoire chrétienne. C’est un lieu chargé de symbolisme, où la grandeur de l’architecture romaine côtoie le souvenir de persécutions tragiques.
Pour les passionnés d’histoire, d’archéologie ou tout simplement les visiteurs curieux de découvrir un autre aspect de Lyon, l’amphithéâtre des Trois Gaules est une étape incontournable. Il offre une plongée fascinante dans le passé antique de la ville, tout en étant un lieu de mémoire et de recueillement pour les générations présentes et futures.
L’amphithéâtre des Trois Gaules est bien plus qu’un simple vestige antique. Il représente une époque où Lugdunum rayonnait en tant que capitale des Gaules, et il est également le témoin des premières persécutions chrétiennes en Gaule. Son histoire riche et complexe fait de lui un monument emblématique de Lyon, un lien direct avec le passé romain de la ville, et un lieu de mémoire pour les martyrs chrétiens.
